
L'OISIVETÉ AU TEMPS DU CONFINEMENT : LE CONSTAT (1ÈRE PARTIE)
Le confinement imposé en temps de pandémie peut-il être considéré comme temps d’oisiveté? Puisqu’il est par définition une période d’isolement forcé, peut-il être assimilé à l’oisiveté? Même si l’on est pris dans l’engrenage du travail, être obligé de rester cloîtré chez soi pourrait laisser croire que l’on a du temps sur les bras…à ne rien faire. De là à conclure que ne rien faire c’est être nécessairement oisif, l’amalgame entre confinement et oisiveté est vite fait.
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Or rien n’est plus loin de la vérité.
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Comme vous le savez sans doute si vous avez lu la préface du site Chroniquedeloisiveté.com l’oisiveté, c’est beaucoup de travail! Il n’est pas donné à tout le monde d’être oisif et de rester à ne rien faire!
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En fait les deux concepts sont antinomiques. Être oisif nécessite une prédisposition à l’action tout en demeurant serein, dans une sorte d’attente créative, un potentiel qui se retient volontairement avant de se concrétiser dans l’action. Alors que ne rien faire c’est tout simplement…ne rien faire. Ceci nécessite même de fermer son esprit à toute pensée qui pourrait déboucher sur un travail quelconque.
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Revenons à notre question initiale : le confinement, ce temps d’arrêt obligatoire, est-il de l’oisiveté?
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En clair, la réponse est non.
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L’oisiveté est un acte volontaire. On décide d’être oisif, ce n’est pas un état imposé. Tous les confinés ne sont pas oisifs, alors que les oisifs sont généralement confinés. Ils s’isolent, parfois même en public, pour se recueillir, retrouver un état contemplatif dicté par un contexte ou une idée, à la recherche de ce je-ne-sais-quoi qui les incitera à l’action…Les grandes œuvres des hommes sont en général précédées d’une période d’oisiveté. C’est tout dire.
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La période de confinement peut-elle être source d’oisiveté? Bien sûr! Il suffit de le vouloir, tout est là. D’abord, en rejetant les forces occultes négatives qui s’insinuent quand on est obligé de s’isoler durant un certain temps. Pour le vouloir, par exemple, une personne pourrait se dire : « Je ne me laisserai pas submerger par les contraintes imposées, je ne vais pas me noyer dans les détails de ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire. Je vais accepter ces règles, en personne mûre et vaccinée et sublimer les émotions négatives qui en découlent en élan créatif, de sorte à exprimer mes émotions, mes talents, bref : ma personnalité et ma vie ».
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Par cet acte volontaire, on affiche ainsi sa résilience (mot à la mode qui trouve ici toute sa signification) et sa détermination à assumer son état d’oisiveté.
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Ce n’est qu’à ce moment-là que l’on peut se considérer oisif et disponible à la vie et à la création. Je parle d’expérience…
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Pour certains, l’oisiveté causée par les diktats intempestifs des autorités politiques et sanitaires, les a menés à entreprendre des rénovations de leur demeure, d’autres, à faire du bénévolat, d’autres encore à lire des œuvres mises de côté depuis longtemps, à trier de vieilles photos, faire le ménage de leur garde-robe, apprendre à jouer de la guitare ou une langue étrangère. Des activités sensées et utiles. L’oisiveté a souvent de bons côtés.
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Pour ma part, j’ai longtemps procrastiné et subi les effets négatifs du confinement. Je me retrouvais en prison pour une durée inconnue, entravé, loin de mes loisirs et de mon oisiveté chérie. Plusieurs ont connu cet état causé par l’isolement et la solitude forcés, qui mènent droit à la paresse, à la morosité et même, pour certains, au désespoir. L’homme a besoin de ce mélange subtil de travail et d’oisiveté créative. La pandémie n’arrange pas les choses.
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Après quelques semaines à tourner en rond, prenant conscience que je me transformais lentement en sac à patates, je me suis secoué et décidé de (re)devenir un « oisif volontaire »! Cela m’a sauvé…car c’est à ce moment que je me suis lancé en cuisine!

(À suivre)
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