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CONTE À DEUX VOIX

Note : Ce conte a été conçu et écrit par Chloé, 8 ans, et son grand-père, un homme d’un certain âge, alors qu’ils se promenaient dans les Jardins du Turia à Valence (Espagne) en février 2019.

 

*

 

Il était une fois…Un royaume caché derrière les montagnes enneigées du Levant, où les licornes gambadent avec les centaures dans des champs de luzerne et s’amusent avec les papillons roses. Le roi Nestor règne avec générosité et justice sur ce pays enchanté et prépare depuis longtemps sa fille, la princesse Cunégonde, à lui succéder.

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Le château du roi dresse ses hautes tours au bord du fleuve Tariot qui amène des eaux cristallines des montagnes avoisinantes. Le fleuve parcourt la vallée avant de se jeter dans la Mer des Anémones. Un pont de bois construit il y a bien des années relie les deux rives. Les paysans et les pêcheurs le traversent les jours de grand marché pour vendre des légumes, des fruits, des poissons et des crustacés.

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​La princesse Cunégonde a seize ans et passe ses matinées à étudier. Mais dès que sonne midi au beffroi du château, elle court rejoindre son amie Mathilde qui vit dans une maison de l’autre côté du pont. Elle a toujours hâte de revoir Mathilde et toutes les deux s’élancent dans la prairie pour jouer avec les licornes et attraper les papillons.

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Mais voilà que ce jour-là un vent étrange s’est levé et souffle tellement fort que les gens doivent se pencher et avancer en retenant les plis de leur large cape. Cunégonde, elle, se moque du vent et se précipite pour rejoindre son amie. Comme c’est le jour de grand marché, le pont est encombré de charrettes et d’une foule de paysans. Tout ce monde avance difficilement, se bouscule et s’interpelle dans une atmosphère de fête, malgré le mauvais temps.

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Soudain, le pont est secoué fortement par une énorme bourrasque. La foule s’inquiète et se précipite dans tous les sens. Cunégonde poursuit son chemin mais accélère au pas de course. Elle sent bien que quelque chose ne va pas, qu’un malheur risque d’arriver. Ce vent glacial qui balaie le pont ne lui dit rien de bon.

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En effet, dans un bruit assourdissant de tonnerre, le pont, sous le poids énorme de la foule, se brise et s’écroule dans les eaux froides du fleuve. C’est la ruée! Toute la foule crie au secours! et tente de s’agripper aux balustrades du pont. Sauve qui peut! Quelques bêtes tombent à l’eau mais réussissent à se rendre à l’une des rives. Heureusement, bien que le pont se soit écroulé et ait été emporté par le fleuve, personne n’est tombé à l’eau, sauf une seule : la princesse Cunégonde!

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Elle tente de nager et de garder la tête hors de l’eau mais le courant est trop fort. Elle hurle à l’aide et le vent emporte ses cris. Les paysans regardent, impuissants, la princesse emportée par le remous, ballotée comme une coquille dans la tourmente.

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Cunégonde a très peur. Elle remue bras et pieds comme elle a appris dans son cours de natation. Mais sa robe chargée d’eau est si lourde qu’elle l’empêche de flotter. Elle pense à son papa et à son amie Mathilde qui l’attend et elle est bien triste.

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​À ce moment, venant de nulle part, un énorme dauphin surgit des profondeurs du fleuve. Il fait deux ou trois bonds hors de l’eau, avec beaucoup de grâce. Cunégonde n’a jamais vu un dauphin aussi grand et d’une telle force. Le dauphin s’approche d’elle et avec son museau la pousse délicatement vers la rive. Il émet des petits sons qui semblent dire « Ne t’inquiète pas, je suis ici et je vais te sauver ». Et en effet, avec un peu d’effort, la princesse s’accroche aux herbes et réussit à sortir de l’eau. Elle est épuisée, à bout de souffle, mais elle est sauvée.

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Le dauphin reste là à l’observer pour s’assurer qu’elle se porte bien. Cunégonde le regarde attentivement et s’aperçoit qu’il porte un gros diamant violet au front. Intriguée, elle lui demande :

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- Qu’est-ce que ce diamant sur votre front, Dauphin?

- C’est une longue histoire, Princesse. Un jour je vous la raconterai.

- Pour le moment, je dois vous remercier de m’avoir sauvé la vie. Sans vous, j’aurais été emportée très loin dans la mer et je me serais noyée sans aucun doute. Je vous suis reconnaissante et j’aimerais bien vous offrir un cadeau pour votre aide.

- Si vous voulez me remercier, rendez-moi un petit service bien simple. Je vais vous donner mon diamant violet que vous porterez autour du cou. Dorénavant, quand vous voudrez traverser le fleuve, vous le frotterez par trois fois. J’arriverai du plus profond de la mer et je vous transporterai là où vous voudrez aller.

- Oh! Merci, Dauphin! C’est un beau cadeau que vous me faites alors que c’est moi qui voulais vous en offrir un! Je ne peux rien vous refuser, alors j’accepte!

- Mais attention, Princesse! Si jamais vous voyez ce diamant scintiller, sachez que je suis en danger. Ce sera à votre tour de venir me sauver. Vous sauterez dans l’eau et…

- Mais je ne sais pas bien nager encore!

- Plongez et ne vous inquiétez de rien. Le diamant que je vous offre est magique et vous serez capable de venir me sauver.

 

Là-dessus, le dauphin lance le diamant violet à Cunégonde. Il fait un bond prodigieux avant de disparaître dans les eaux du fleuve. Cunégonde se lève et part en courant retrouver son amie Mathilde pour lui raconter son aventure.

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*

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Quelques jours plus tard, la princesse désire retourner chez son amie. Elle sort le diamant de sa poche et le frotte par trois fois. Aussitôt, le dauphin arrive et l’invite à sauter sur son dos. En deux temps trois mouvements, les voilà qui traversent le fleuve et le dauphin la dépose gentiment sur la rive pour qu’elle aille rejoindre Mathilde. Depuis ce jour, Cunégonde n’emprunte plus le pont qui a été reconstruit. En frottant le diamant violet, elle appelle le dauphin qui la prend sur son dos, d’une rive à l’autre.

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Un jour, alors que la princesse jouait avec son amie Mathilde, elle remarque que le diamant scintille. Elle se souvient alors de la demande du dauphin. Elle court vers le fleuve et saute dans l’eau sans hésiter, confiante en ce qu’il lui avait dit.

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Aussitôt dans l’eau, elle se rend compte que ses jambes se sont changées en une grande nageoire. Ébahie, elle constate que son corps se transforme en sirène. Elle est capable de nager à grande vitesse. Cunégonde se sent confortable dans l’eau et toute joyeuse, se dirige pour secourir le dauphin. Enfin, elle sera en mesure de lui faire un cadeau pour l’avoir sauvé.

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Dans l’eau, elle regarde partout, sous les rochers, derrière les grandes algues et finalement aperçoit le dauphin pris dans un filet de pêcheurs. Elle se précipite pour l’arracher des mailles qui le retiennent prisonnier. Après maints efforts, elle réussit à défaire les nœuds et voilà le dauphin enfin libre. Il s’élance avec la princesse vers la surface de l’eau.

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Cunégonde ne se sent plus de joie. Elle est heureuse d’avoir libéré son ami. Elle l’entoure de ses bras et dépose un baiser sur son museau.

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À ce moment précis, l’eau tourbillonne, il y a de l’écume, des jets et des vagues partout. Le dauphin qu’elle tient encore dans ses bras, s’est transformé en un jeune homme beau et gracieux, souriant et plein d’entrain. Cunégonde est tout étonnée :

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- Mais…Comment? Qu’est-ce qui se passe? Je ne comprends pas…

- Princesse, vous avez brisé le mauvais sort que m’avait jeté à ma naissance la méchante sorcière Amidabi. Toutes ces années j’ai vécu comme un dauphin en attendant celle qui allait me délivrer. Mais il fallait que moi aussi je lui sauve la vie. Maintenant nous sommes quittes…

- Mais qui êtes-vous? Comment vous appelez-vous?

- Je suis le prince Geoffroi, fils du roi de Belfort.

- Alors sachez, Prince Geoffroi, que nous ne sommes pas quittes. J’ai encore le diamant violet que vous m’avez offert et que je devrais vous rendre.

- Princesse Cunégonde, je vous offre ce diamant en guise de reconnaissance pour m’avoir sauvé. Gardez-le précieusement car c’est mon cœur que vous avez entre les mains. Tant que vous le garderez, je serai avec vous parce que je vous aime.

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Cunégonde est sous le charme du prince et réalise qu’elle en est amoureuse. Elle le prend par la main pour le présenter à son père. Le roi Nestor est si heureux qu’il organise le plus grand mariage jamais vu de ce côté-ci des montagnes du Levant.

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​Cunégonde et Geoffroi se marièrent et ils eurent beaucoup d’enfants dont l’histoire ne précise pas le nombre…

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