DOUZE POISSONS
C’est avec amertume et la larme à l’œil
Le cœur gros et une douleur certaine
Que je vous annonce le triste deuil
Du départ de ma frétillante douzaine.
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Ils étaient douze à égayer mon bassin
Douze poissons tout rouges et tout luisants
Qui faisaient de fantastiques dessins
Et des ballets uniques et apaisants.
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Douze poissons sous les nymphéas
Aux mille tons d’or et d’argent
Ils ont défié des hivers les aléas
Le gel, la canicule et le climat changeant.
Mais un matin de printemps, un héron
Au ventre creux, s’est posé en silence
Pour se sustenter il tendit son bec très long
Des douze poissons il en fit sa pitance.
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Il déploya ensuite ses larges ailes
Et au-dessus des toits il prit son envol
Il me lança un dernier regard cruel
Repu, majestueux, élégant et frivole.
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Et je reste là, solitaire et brisé
Surpris par ce carnage fulgurant
La Nature sauvage m’a épuisé
Je n’y trouve aucun motif rassurant.
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Inéluctable et aveugle elle suit son cours.
Nous ne sommes que piètres spectateurs
D’une triste comédie sans atours
Qui à la fois brise et élève nos cœurs.
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4 juin 2020
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