LES MAINS DE VALENCE
Valence renferme quelques trésors indéniables que l’on peut qualifier de « grand art », des chefs-d’œuvre qui datent du Moyen-Âge ou de l’époque baroque. Cet art, par sa forme et ses thèmes, avait été instrumentalisé pour édifier, instruire et enrôler le peuple dans des missions religieuses ou politiques. Mais ce qui est surtout remarquable à Valence, c’est l’artisanat, cette forme d’art utilitaire et pratique qui depuis des siècles s’inscrit dans des objets quotidiens ou folkloriques. Voici trois manifestations de cet artisanat.
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Les soieries et les dentelles
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La soie a été introduite par les Arabes et elle a constitué la richesse de la ville dès le 15e siècle. Le commerce de la soie avait pris une telle importance qu’au tout début du 16e siècle, une Bourse de la soie fut construite, une des premières bourses mercantiles du monde. Après la Reconquête des rois catholiques de la péninsule ibérique, les Arabes furent chassés du pays et remplacés par des tisserands génois et vénitiens. Au 18e et 19e siècles, les grandes cours européennes s’approvisionnaient en brocards et soieries de Valence, dont la qualité était à nulle autre pareille.
Robe traditionnelle en brocard et dentelles
Brocard de Valence
Brocard de Valence
Si aujourd’hui le grand commerce de la soie ne passe plus par Valence, ces tissus fins et dispendieux demeurent l’atour incontestable des belles de la ville. Les costumes traditionnels des Valenciennes sont faits de soieries incrustées d’or et de pierreries, aux ramages les plus exotiques. Les motifs sont catalogués et consignés pour être utilisés en fonctions de la robe qui sera portée pour tel ou tel événement, un mariage, une cérémonie religieuse, un bal ou une manifestation civile. Le tissage peut se faire sur commande et certains artisans sont réputés pour l’exécution de véritables œuvres d’art. Bien sûr, aujourd’hui tout se paie et le mètre de ces tissus précieux peut atteindre plusieurs centaines de dollars !
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Les dentelles de Valence ont joui longtemps d’une réputation égale à celle de Bruges, d’Irlande ou de Chantilly. Mais la mode les a rendues désuètes et le métier se meurt. Tout autour de la Plaza de Redonda, dans la vieille ville, des échoppes proposent des rubans, des mantilles, des voiles, de la lingerie fine, des nappes et autres tissus brodés. Deux fois par semaine, des dentellières viennent y travailler sous l’œil d’un public curieux de cet art ancien et admiratif de cette forme d’artisanat local.
Échoppe de dentellière
– P. Rodonda
Valenciennes en habits traditionnels
Les Ninots
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À chaque année, la fête des Fallas à Valence est une manifestation populaire qui dure une semaine en mars et qui s’achève dans un feu de joie aux proportions immenses. En 2016, ce feu atteignait 27 mètres de haut ! Depuis cette année, la fête a été classée au Patrimoine Mondial de l’Unesco…C’est l’occasion d’une compétition « amicale » entre les différents quartiers de la ville, chacun y présentant des Ninots. Ce sont des figurines faites de carton-pâte, ou autre matériel, pouvant atteindre deux ou trois mètres de haut. À l’origine, dans les années ’20, ces personnages étaient réalisés par des habitants du quartier qui avaient quelques savoir-faire. Aujourd’hui, ce sont des artisans locaux réputés qui travaillent toute l’année à la production de ces personnages. Au fil des ans, ces personnages ont représenté des stars de la scène politique ou artistique, des caricatures de célébrités locales. Parfois des critiques acerbes pointaient sous une allure comique. Aujourd’hui, ces Ninots sont de véritables petits chefs-d’œuvre représentant fièrement un quartier de Valence. Le dénominateur commun en est l’humour et la parodie. En 2017, à quelques semaines du fameux feu de joie, les 380 Ninots sont exposés au Palais des sciences et des arts. Le public est invité à voter pour celui qui sera épargné des flammes ! Comme récompense, ce Ninot sera conservé au Musée Faller pour l’admiration des générations futures. Une autre représentation de l’artisanat de Valence qui mérite le détour.
Quelques-uns des Ninots de 2017
Manises
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Centre important de production de céramiques, Manises jouit encore de nos jours d’une réputation qui s’étend à toute l’Espagne et à travers le monde. Accessible par métro, Manises est un quartier tranquille de la ville et qui est fier de posséder l’un des plus beaux musées de céramique du pays. C’est un artisanat ancestral hérité de l’occupant arabe, comme beaucoup d’autres formes d’art et de sciences. On reconnait la céramique de Manises par ses teintes de bleu et ses couleurs primaires vives ainsi que par ses motifs tantôt de fleurs, tantôt de formes géométriques sommaires. Les murs des palais et des églises de Valence sont recouverts de ces carrelages, agrémentant ainsi le décor d’un artisanat original riche en couleurs.
Motifs de céramiques de Manises
Extérieur de l’Office du tourisme - Manises
Décidément, les mains de Valence sont très actives et créent des merveilles artisanales.
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