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LES PAPIERS RUSSES
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St-Basile – La Place-Rouge

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L’organisation

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Juin 2019 : voyage impromptu à Moscou et Saint-Pétersbourg. Un créneau se libère dans notre agenda plutôt chargé et en quelques jours, décision prise et logistique organisée. Car il faut un minimum de préparation pour aller en Russie. Non seulement la demande de visa peut être longue mais c’est la haute saison, nuits blanches obligent! Grâce à notre agente de voyage (d’origine russe) et ses conseils judicieux, le tout fut bâclé rapidement. Toutefois, des conditions strictes s’appliquaient. Pas de voyage en groupe, à suivre un troupeau de touristes à des heures indues : nous voulions un voyage privé, en solitaire, avec la liberté d’errer à notre guise, le minimum de contraintes horaires et, enfin, un séjour suffisamment long dans chaque ville pour non pas la connaître entièrement, ce qui serait impossible, mais en apprécier la culture et savourer ses incontournables. Six jours pleins dans chacune furent jugés adéquats. 

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Le choix des hôtels s’est porté vers les meilleurs et grâce à notre neveu, nous avions en prime, un chauffeur d’origine française, qui nous attendrait dès l’aéroport et nous piloterait dans Moscou. Que demander de plus?

 

Moscou première

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Statue de St-Georges face au Kremlin

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Nous voilà donc à Moscou dès samedi 15 juin. Premières impressions, en vrac : Moscou est une capitale grandiose, spectaculaire, impériale. Elle en impose par ses larges boulevards, ses immeubles à l’architecture conquérante et stalinienne et par une propreté étonnante pour une ville de quinze millions. Les immeubles administratifs, les hôtels et les complexes commerciaux sont gigantesques, vestiges des rêves grandioses des régimes précédents. Il ne faudrait pas y voir là l’héritage du seul style de l’ère communiste. Il provient également de l’époque tsariste comme le prouvent plusieurs palais et ministères de l’époque. Il reste encore quelques rares vestiges datant du XVIIIe siècle mais la ville a subi des incendies majeurs au cours de son histoire, le plus célèbre étant bien sûr celui allumé par le général Koutouzov pour défendre la ville de l’invasion napoléonienne.

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Ancien palais transformé en bibliothèque

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Contrairement à d’autres capitales « impériales », Moscou n’a pas la finesse, l’élégance ou le raffinement de Londres, Vienne ou Paris. Mais on y ressent la même ambition d’impressionner le visiteur et de conquérir sa tête avant son cœur. Tout est fait pour en imposer, démontrer concrètement la supériorité du pays par sa richesse et son goût d’apparat. Les boulevards qui sillonnent la ville ont généralement quatre voies dans chaque sens et les autos filent à toute allure. Il est impensable de les traverser! Les piétons doivent obligatoirement emprunter des tunnels. Par conséquent, il est difficile de se balader et d’errer dans Moscou: les distances sont énormes! Ici, bien souvent, on marche pour arriver quelque part, alors qu’ailleurs on fait du lèche-vitrine, on flâne....

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Une des nombreuses rues piétonnes

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Par contre, quittez ces immenses boulevards et bifurquez par les rues transversales et là vous découvrirez les ilots de quartiers résidentiels avec des parcs, des cafés-terrasses, des églises, de rares boutiques. Certaines rues piétonnes sont illuminées et décorées pour attirer une foule jeune et dynamique les soirs d’été. Des musiciens et amuseurs de rues créent une ambiance de fête similaire à toutes les villes du monde.

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Les grands magasins GUM (aujourd’hui galerie commerciale ultra-moderne)

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La propreté de cette ville est impressionnante. Pas de papiers et de saletés par terre, une brigade de jeunes balayeurs s’assure du maintien impeccable de l’espace public, bien loin de l’image des grosses babouchkas d’antan. Plus surprenant encore est la rareté de policiers et de soldats arpentant les rues, contrairement à d’autres capitales, victimes d’attentats terroristes. Ici, la sécurité est omniprésente, même à deux heures du matin, sans force de l’ordre visible.

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Le Kremlin vue de la Moskova à 4h du matin

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L’opium du peuple

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Si « la religion est l’opium du peuple » Karl Marx doit se retourner dans sa tombe! Depuis une vingtaine d’années, l’Église russe revit de ses cendres encouragée et financée par le pouvoir politique. Durant plus de soixante-dix ans, sous le régime communiste, tous les efforts avaient été déployés pour éradiquer la religion; fermeture et destruction d’églises, emprisonnement des prêtres, etc. Et voilà qu’aujourd’hui, la religion renaît dans toute sa splendeur et son décorum. C’est l’un des apanages et des piliers du néonationalisme russe. Une source de fierté et de cohésion sociale, toutes classes confondues.

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Église St-Sauveur détruite par Staline et reconstruite il y a une vingtaine d’années


La religion est l’expression de l’âme russe, elle se manifeste par une ferveur et une intensité que l’on ne voit pratiquement plus dans le monde occidental. Dans les églises orthodoxes russes pas de bancs, on reste debout ou carrément à genoux sur la pierre froide. La messe de la Sainte-Trinité (une des grandes fêtes russes) à laquelle nous avons assisté en partie, dure deux heures. La piété est palpable, les psaumes grandioses. 

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Intérieurs d’églises et icônes célèbres

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Ici, pas de grandes cathédrales, mais plutôt un grand nombre de petites chapelles souvent situées en face l’une de l’autre. L’extérieur est caractérisé par ces dômes dorés en formes d’oignon, surmontés de la croix russe orthodoxe, qui semblent sortir tout droit d’un conte de fée illustré par Disney. L’intérieur est richement décoré, avec des iconostases à la feuille d’or et tapissés d’icônes précieuses, œuvres magnifiques de moines souvent inconnus. Contrairement à l’art religieux italien ou flamand, rares sont les artistes célèbres. On reconnaît plutôt telle ou telle école ou monastère dont le style et la représentation des personnages sont identifiables.

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St-Basile

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Tout au long de nos marches, nous avons ainsi visités plusieurs de ces églises et avons toujours été émerveillés par leur richesse et leur atmosphère qui porte au recueillement. En plus d’avoir visité celles situées à l’intérieur du complexe du Kremlin, nous avons également visité le Monastère de La Trinité de St-Serge, à Sergiev Posad, à une heure-et-demie de la capitale, C’est le siège de l’Église orthodoxe de toute la Russie, l’équivalent du Vatican.

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Le métro

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Projet pharaonique lancé par Staline, le Petit père, dans les années 30. Objectifs: faciliter le transport vers le travail, décongestionner et en même temps relier certains centres urbains et les quartiers périphériques industriels, moderniser la ville pour l’amener au XXe siècle. Particularité: des stations d’une grande beauté esthétique, Art-déco flamboyant, démontrant clairement le triomphe du prolétariat et du socialisme. L’art comme instrument de pouvoir…Comme quoi rien n’a changé depuis la Renaissance! Si on ajoute à cela la beauté comme instrument de motivation, de productivité et de fierté nationale, on a une formule qui a été recopiée maintes fois à travers l’Histoire.

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Stations de métro

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Emprunter le métro de Moscou, si ce n’est que pour faire une dizaine de stations, est obligatoire et à voir au même titre que les musées. Un constat : les passagers d’aujourd’hui paraissent blasés de tant de décorum et font comme tous les usagers du monde. Ils sont isolés, dans leur bulle, à jouer sur leur téléphone cellulaire. Franchement déprimant!

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Usagers du métro. Moscou ou ailleurs?

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Moscou, ville culturelle

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Notre voyage était, avant tout, un bain culturel destiné à découvrir un tant soit peu l’art et la culture russes. Nous avons donc hypothéqué la maison pour deux billets au Bolchoï! Le prix est exorbitant et peut même dépasser les 1 000$. Mais il est impensable de venir à Moscou sans une soirée à ce théâtre mythique pour assister à un ballet de cette troupe hors-normes. En effet, les superlatifs manquent pour décrire la performance de ce corps de ballet.

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Le Bolchoï

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Don Quixote est, à mon humble avis de profane, une musique pompier et une histoire décousue sans queue ni tête. Juste une occasion de démontrer les prouesses des danseurs et des danseuses, l’habileté de la troupe à synchroniser parfaitement ses mouvements et à se lancer dans les airs dans des pirouettes improbables. Ici, rien que des cuivres, des trompettes, des roulements de tambours et du bruit...Pas de moments intimistes, de duos sentimentaux ou d’instants mélancoliques comme on en trouve par exemple dans Le lac des cygnes ou La belle au bois dormant. Mais j’avoue que je n’y comprends rien et que j’ai été surtout impressionné par l’agilité des danseurs/danseuses étoiles et l’uniformité des mouvements du corps de ballet. Mais je préfère le duo Tchaïkovski et Petipa, le bien nommé!

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Intérieur du mythique Bolchoï

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En Russie, la culture a été démocratisée depuis longtemps. Théâtres et concerts sont très populaires et surtout très abordables, à part le Bolchoï qui demeure surtout une attraction touristique. On dit qu’il y a plus d’une centaine de théâtres et autant de salles de concerts dans Moscou.

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Toujours au chapitre de la culture, deux incontournables: le Musée Pushkin et la Galerie Tretiakov. Dans le premier, à ne pas manquer un assemblage hors de toute proportion d’œuvres d’Impressionnistes français, fusion de deux collections particulières amassées par deux fous d’art, Morozov et Chtchoukine, richissimes mécènes et fins connaisseurs. Ils étaient tous deux des pionniers, reconnaissant dans ces nouvelles écoles (impressionnisme, cubisme, dadaïsme, etc.) la direction que l’art prendrait au XXe siècle. On peut ainsi admirer 48 Picasso, 25 Matisse, une douzaine de Gauguin, des Van Gogh, des Renoir, des Rouault, des Rousseau et j’en passe...Les mots sont pauvres et ne peuvent pas décrire les émotions d’un tel spectacle! 

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Une collection d’une douzaine de Gauguin ayant appartenue à un collectionneur du début du XXe siècle

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« La danse » de Matisse

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La Galerie Tretiakov rassemble une collection de peintres Russes du XVIe siècle à nos jours. Il est intéressant de voir l’évolution de la peinture durant cette période. Elle passe d’une phase religieuse à un avant-gardisme déroutant. À ce chapitre, il faut surtout noter quelques œuvres de peintres tels que M.A. Vrubel, Kandinsky et Malyavin ou de la femme-sculpteur élève de Rodin, Anna Golubkina, pour apprécier la haute qualité et le ´modernisme’ de l’art russe.

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« Homme qui marche » de Anna Golubkina, élève de Rodin

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Cette galerie a été une des belles découvertes du voyage et permet de constater à quel point nous, en Occident, sommes ignorants généralement de l’art de cette partie du monde.

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Deux œuvres de M. Vrubel vers 1895

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« The whirlwind » P.A. Malyavin (1906)

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Mais on ne se nourrit pas seulement d’art et de culture…Se balader dans les rues, s’attarder sur une terrasse font aussi partie de la découverte du pays.
 

Par les rues et les boulevards

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Le plan urbain de Moscou est relativement simple: le cœur de la ville représenté par le Kremlin/Place-Rouge. De là, partent en étoiles de grands boulevards, reliés entre eux par des rues transversales et des quartiers résidentiels. Les boulevards peuvent avoir quatre à cinq voies dans chaque sens et la circulation y est dense et rapide. Cependant, les intersections aux rues transversales sont plus conviviales et les piétons y ont priorité.

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Scènes de rues

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Dans ces plus petites rues, loin du brouhaha des boulevards, on retrouve la vie de quartier, pareille à celle de toutes les villes du monde. Certaines sont piétonnes, bordées de cafés et de restaurants, décorées et illuminées le soir, invitantes pour une petite marche nocturne.

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Décorations nocturnes de rue piétonne

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Dans ces enclaves, on retrouve aussi de nombreux parcs ombragés autour de fontaines et de statues de personnages célèbres: tsars, compositeurs, acteurs, chanteurs, hommes politiques ou militaires.
Les distances sont énormes et la ville est très étendue. Ici, on ne flâne pas, on marche généralement d’un pas résolu et pressé vers une destination précise.

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Aram Khatchatourian                     Karl Marx

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Mais ce qui étonne le plus le visiteur, c’est la propreté impeccable de Moscou. Le lavage quotidien des trottoirs et des rues est un véritable spectacle, assuré par un convoi de camions-citernes qui lancent des jets de plusieurs mètres dans toutes les directions, pour un lavage exhaustif des rues et des arbres…et des voitures.

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Lavage de rues

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Saint-Pétersbourg, la belle

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Fondée par Pierre-le-Grand en 1703 afin d’y installer sa capitale et démontrer sa suprématie sur un territoire longtemps convoité par la Suède, la ville se distingue par la majesté de ses édifices, palais et églises de style baroque et néo-classique. Les façades sont imposantes et ouvragées, les fers forgés remarquables. En fait, même si la ville a connu des années noires, aujourd’hui elle présente un ensemble architectural relativement récent et bien entretenu. Saint-Pétersbourg est traversée de canaux qui lui ont valu le surnom de Venise-du-Nord; il ne manque que les gondoles et surtout la convivialité italienne. Ici, tout est majestueux et impérial, accentué par l’enfilade des palais d’une richesse inouïe. 

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La Venise-du-Nord

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Mais St-Pétersbourg c’est avant tout l’Hermitage qui a atteint son apogée sous le règne de Catherine II, dite la Grande. Collectionneuse insatiable et boulimique, elle a amassé des milliers d’œuvres d’art de toutes sortes, de toutes origines et toutes à couper le souffle.

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Le Palais d’hiver et l’esplanade

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Aujourd’hui, on y retrouve d’importantes collections d’arts grec, égyptien et romain, de meubles anciens, de salons d’apparat, de curiosités inouïes sans compter, bien sûr, de remarquables tableaux modernes russes et européens, regroupés au Musée de l’État-Major attenant. Des centaines d’œuvres de toute première qualité. Il faut obligatoirement trois visites pour se faire une idée de l’envergure de ce labyrinthe transformé en musée...en se faufilant adroitement entre les centaines et les milliers de touristes. L’Hermitage était le but ultime de notre voyage en Russie. Et malgré tout le temps que nous y avons consacré (près de dix heures), nous l’avons quitté après six jours avec la nette impression d’avoir à peine gratté la surface.

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Église de St-Isaac              Façade latérale du palais

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Nous avons visité le palais Youssoupov ainsi que les églises de St-Isaac, Nikolai et de Notre-Dame-de-Kazan, les jardins d’été et le parc de Mikhaïelosky...mais il reste tellement à voir! C’est une ville qui mérite encore plus de temps. On y mange bien et les gens semblent plus relax, accueillants et souriants qu’à Moscou. Mais c’est une première impression qui mériterait d’être validée...

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Quelques trésors de l’Hermitage

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Œuf Fabergé (musée Fabergé)

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Corridor italien

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Catherine II

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Voltaire

Escalier monumental

Sculpture de Michel-Ange

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Vue de Murnau - W. Kandinsky (1908)

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« Carré noir » de K. Malevich

Ce tableau a révolutionné l’art moderne et a été acquis

par V. Poutine pour un million de dollars et offert

la Nation.

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