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POUR EN FINIR AVEC LES ATHÉES…ET LES AUTRES

Résumé : Récemment, un groupe d’intellectuels athées, principalement anglo-saxons, mène une campagne contre toutes formes de religions, érigeant du même coup leur croyance au niveau d’une nouvelle foi. Cette position extrême est aussi intransigeante et bornée que celle des religions traditionnelles. Il est nécessaire de la dénoncer et de poser le doute comme source de sagesse.

Le nouveau courant athée, identifié sous les étiquettes de « néo-athéisme » ou d’« athéisme militant », va un peu trop loin. Ses principaux protagonistes, tels que Coyne, Harris, Dawkins, Onfray et Hitchens, adoptent, par leur vision étroite et leur ton condescendant, une attitude peu constructive, loin d’enrichir le dialogue pour une recherche commune de la vérité.

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Ils abordent le sujet d’un point de vue uniquement scientifique et darwinien d’une part, et d’autre part, attaquent joyeusement tous ceux qui ne pensent pas comme eux. Ils pourfendent les déistes et les théistes sur un mode sarcastique et n’hésitent pas à les qualifier de brutes, d’ignares et d’imbéciles. Ce qui bien sûr n’encourage pas une discussion sereine de concepts relativement complexes et essentiels.

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Ces sujets importants sont matières à débat depuis la nuit des temps et constituent le fondement des croyances et des religions de l’humanité. Quelles est l’origine de l’univers ? Dieu existe-t-il ? Pourquoi la foi ? Y-a-t-il une différence entre foi, religion et superstition ? Bref, des questions complexes qui sont communes à toutes les civilisations, les cultures et les époques. Ces questions ont-elles des réponses ? Sans doute qu’elles en ont de multiples.

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S’il est incontestable que l’apport de la science fournit des clés pour résoudre l’énigme de l’univers et servir éventuellement à en décoder les mystères, il n’en demeure pas moins qu’elle ne peut, à elle seule, nous en donner toutes les explications.

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  1. La science élevée en nouveau dogme de foi : À les écouter, les « néo-athées » auraient trouvé LA réponse aux mystères de la vie. Pour eux, la science constitue la nouvelle religion. Et Darwin en serait le prophète. Il ne fait pas de doute que la théorie de la sélection naturelle et de l’évolution des espèces ait bouleversé le monde scientifique et, par ricochet, bousculé les croyances dans divers domaines des sciences sociales. La méthode scientifique (ou les méthodes scientifiques) qui a permis des avancées extraordinaires dans toutes les sphères investiguées par l’esprit humain, est absolument éclairante et essentielle. Surtout, cette rigueur dans la recherche scientifique a mis en évidence la primauté des faits comme unique fondement des croyances et constituent désormais la matière première de toute investigation scientifique. Croire en des phénomènes non tangibles que l’on ne peut vérifier, mesurer et répéter, n’est pas acceptée dans ce modèle d’analyse. Il en résulte, par conséquent, que foi et superstition sont équivalentes et contraires à la raison. Cette distinction entre la réalité objective de la science et la subjectivité de la foi a permis l’évolution des sciences depuis plus de cent-cinquante ans. La science est le nouveau dogme auquel il faut croire.

  2. La fin de la science ? : Les « néo-athées » semblent croire que la science a finalement tout résolu, que la Nature et la vie n’ont plus de secrets. Tôt ou tard, une formule mathématique viendra expliquer le monde. Ils affirment posséder les instruments et la méthode pour atteindre cet objectif. Or, rien n’est moins sûr. Chaque découverte, chaque nouvelle théorie, élargit davantage le champ d’investigation, plutôt que de le rétrécir. Chaque réponse à une hypothèse entraîne un grand nombre de nouvelles questions. Dans certain cas, même la méthode scientifique requise pour investiguer telle ou telle science reste à être inventée, comme par exemple, en physique quantique. Les sciences évoluent continuellement et les certitudes d’hier sont les sujets de moqueries d’aujourd’hui. Qui sait ? Peut-être cela sera-t-il le cas pour des théories que nous tenons aujourd’hui comme certitudes incontestables ? Par conséquent, prétendre que la science d’aujourd’hui constitue l’achèvement de l’esprit humain ayant résolu, ou presque, le grand mystère de l’univers, est certainement une chimère.

  3. Et qu’en est-il du surnaturel ? : Sans tomber dans la superstition ou le mystère au sens théologique, il n’en demeure pas moins qu’il existe une « réalité » qui dépasse nos sens, au-delà de l’ouïe, de l’odorat, de la vue, du goût et du toucher. Comment expliquer autrement l’intuition ? La créativité ? La conscience ? Les phénomènes paranormaux ? Évidemment, il ne faut pas non plus se laisser duper par des croyances angéliques, des superstitions et d’autres élucubrations visant à manipuler les esprits crédules. Par contre, il faut reconnaître qu’au-delà du monde tangible, nous évoluons aussi dans un monde qui comprend également des phénomènes fluides et intangibles, bien réels mais inexpliqués, difficiles à quantifier, mesurer et valider. Pourtant, ils sont bien présents et les rejeter ou ne pas en tenir compte, serait faire preuve d’un esprit fermé ou biaisé. Les « néo-athées » semblent croire que seul le réel tangible et vérifiable constitue notre monde. Or, l’être humain est fait d’un peu plus que de réactions chimio-physiques et de poussières. La capacité de rêve, de créativité et d’intuition est tout aussi importante et constitue sans doute un des fondements de la science. Plusieurs découvertes scientifiques ont été initié par une intuition géniale de leurs auteurs.

  4. La science et le surnaturel, les deux sources du savoir : Durant des siècles, voire des millénaires, les croyances et les superstitions ont mené le monde, toutes ethnies et toutes régions confondues. Les religions qui en découlaient, même si elles se réclamaient de source divine, n’étaient bien souvent que des instruments de pouvoir. Les principes moraux qui en constituaient l’épine dorsale étaient des règles nécessaires aux hommes pour vivre en société. Depuis quelques décennies, la science a fragilisé ces prémisses religieuses et la raison a pris le dessus dans le discours sur la morale et la religion. Les « néo-athées » propagent l’idée que la science est incompatible avec les religions puisqu’elle réussit à en déjouer les mystères et en démonter les mécanismes de manipulation des hommes. Or, il semble que nous sommes passés d’une extrême à l’autre : d’une part, une religiosité soumise à des dogmes incompréhensibles, de l’autre, la science, source d’une nouvelle morale sans dieu ni foi. Face à ces deux extrêmes, il n’y a pas grande différence entre les croyants zélotes fondamentalistes et les « néo-athées ». Tous deux démontrent un manque flagrant de tolérance, de respect de l’autre et d’humilité. Ils sont tout aussi intransigeants dans leurs positions respectives. Or, peut-être que la vérité se trouve quelque part entre ces deux extrêmes et qu’elle est constituée de leurs éléments fondamentaux. Oui, la science peut expliquer le monde tangible et en mesurer les phénomènes. Mais il restera encore une part d’intuitif, de créatif et de supranaturel difficiles à expliquer aujourd’hui. Cependant, il est possible d’envisager qu’un jour nous pourrions disposer d’instruments pour les appréhender, les analyser et les comprendre. Et sans doute que ce jour, le cerveau de l’Homo Sapiens sera-t-il enfin apte à poser ce genre de questions et également d’en imaginer et d’en comprendre les réponses.

  5. Un univers sans dieu : Notre conception de dieu comme origine de l’univers, grand horloger, grand maître et grand juge, anthropomorphique, s’impliquant dans la micro-gestion de la création, est une conception réductrice et absurde. C’est l’homme qui a ainsi créé dieu à son image et non l’inverse, comme d’autres l’ont déjà si bien remarqué. Mais alors comment expliquer cette soif de croire en un créateur, commune à toute l’espèce humaine ? Sans doute y-a-t-il chez l’homme un besoin inné d’harmonie avec son environnement et ses semblables, de comprendre le monde qui l’entoure et de donner à sa vie une dimension et un sens qui dépassent sa matérialité. La science seule ne peut pas tout expliquer, comme les religions déistes non plus. Quand, enfin, nous trouverons le moyen de combiner ces deux éléments, la boucle sera enfin complétée et nous réaliserons alors notre rôle et notre place dans cet univers sans dieu.

  6. Pour un agnosticisme renouvelé : La véritable connaissance n’est pas totalement accessible à l’esprit humain. Même si nous consacrons tous nos efforts pour tenter de comprendre les mécanismes de l’univers et le sens de la vie, nous demeurerons ignorants quant à notre origine et notre destinée. Il faut avoir l’humilité, le courage et la clairvoyance de reconnaître les lacunes et de la science et de la foi. Plutôt que d’adopter l’attitude hautaine et intransigeant de « celui-qui-sait », il serait préférable de tenter de rallier tous les esprits, croyants et athées, à la recherche de la vérité. Le doute de l’agnostique est le début de la sagesse.

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