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VALENCE TOUT FEU TOUT FLAMME
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Si on vous dit que l’Espagnol est un être hautain, réservé, fier de sa personne et de son histoire, distant, morose, taciturne, sérieux, pétri d’une religiosité qui frôle la superstition, n’en croyez pas un mot. Rien ne pourrait être plus loin de sa véritable nature.

L’Espagnol est au contraire un être affable, chaleureux, facile dans ses rapports, bon enfant, souriant, toujours disposé à prendre la vie du bon côté. Il est volubile au point d’être bavard et continue à vous parler même s’il voit bien que vous n’y comprenez rien, appuyant chaque mot de gestes et de clins d’œil, voulant tout de même s’assurer que vous le suivez. 

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Il a une notion du temps singulière, il vit sous un autre fuseau horaire que le reste du monde. Il déjeune à 14 heures et dîne à 22 heures. Malgré tout, il débute sa journée vers les neuf heures mais interrompt son travail durant trois heures l’après-midi pour la sacro-sainte sieste. Au XXIème siècle, il faut le faire!

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L’Espagnol a une prédilection pour la famille, les enfants et les chiens. Il leur consacre beaucoup de son temps de loisirs. Le repas du dimanche est un rituel dont nul ne saurait déroger et il est courant de voir des familles nombreuses attablées au restaurant des heures durant, les adultes pris dans de grandes discussions animées, les enfants jouant aux alentours et sous les tables…avec un ou deux cabots qui se faufilent à la recherche de quelques miettes. Un spectacle digne d’une époque révolue.

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Tous les traits de caractère typiques de l’Espagnol se révèlent de façon plus poussée lors des Fallas de Valence. Ce sont des festivités qui ont lieu en mars et qui culminent lors de la fête de St-Joseph, le 19, saint patron des menuisiers et des charpentiers. On découvre alors sa nature véritable : il est joyeux et il aime par-dessus tout faire la fête! Il entraîne avec lui des centaines de milliers de visiteurs venus spécialement de toute l’Europe pour assister à ces liesses grandioses.
 

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Les Fallas sont essentiellement des fêtes communautaires lors desquelles les différents quartiers de la ville, il y en a 350 environ, sont en compétition amicale. C’est à celui qui décorera ses rues de la façon la plus originale et lumineuse, qui cuisinera les paellas les plus monumentales servies à tout venant et, surtout, celui qui créera et réalisera les fallas les plus originale.

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Les fallas sont de gigantesques sculptures, faites de bois ou de matériaux composites, conçues par des artistes locaux. Véritables œuvres d’art, elles représentent généralement un personnage central tirée de contes ou d’histoires populaires, des héros nationaux, des stars, des personnalités politiques, des sports et des médias. Ce personnage est entouré de dizaines de figurines appelées ninots réalisées spécialement pour les enfants, toutes ces festivités leur étant dédiées. Certaines de ces sculptures prennent jusqu’à un an pour être complétée et la plus chère de l'histoire aurait coûté près de 900.000 Euros.

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Au total, on dénombre jusqu’à 700 fallas à travers la ville et lors du dernier soir des festivités, le 19 mars tard dans la nuit, ces sculptures partent en fumée dans d’immenses feux de joie. Sous l’œil protecteur du service des bomberos (pompiers), le ciel s’illumine et Valence devient alors tout feu tout flamme!

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Certains pourraient trouver regrettable et étrange un tel gaspillage d’art et d’argent, mais il faut réaliser qu’ici les traditions priment et que sans doute les revenus générés par les Fallas de loin compensent le coût des sculptures. Il faut cependant reconnaître qu’une seule de ces œuvres réalisées pour les enfants est épargnée des flammes, si elle recueille la faveur du public lors d’un vote populaire. Le Musée des fallas abrite depuis 1934 la collection de ces sculptures graciées. Un jury décerne des prix aux plus belles fallas, celle de la Place de l’Hôtel de Ville étant toujours hors concours. 

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Chaque soir, durant deux semaines en mars, les feux d’artifice illuminent le ciel de gerbes de mille diamants. Toute la ville reste éveillée pour ce moment magique. Et chaque midi, ont lieu les mascletàs, de tonitruantes pétarades qui explosent Place Ayuntament, devant l’Hôtel-de-ville, à la grande joie des milliers de personnes qui accourent des quatre-coins de Valence. Ces cérémonies sont présidées par la Fallera Mayor, la reine des Fallas, et de sa cour de duchesses.  Celles-ci sont issues généralement de la classe aisée de la ville et revêtent pour ces occasions des robes fastueuses, véritables œuvres d’art folklorique faites de soieries rehaussées de bijoux.

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Mais cette tradition presque centenaire des Fallas n’est-elle pas un signe du caractère de l’Espagnol? En effet, cette invitation à la fête lancée au monde et cette propension à créer de la beauté, même temporaire et d’y mettre le feu, nous révèle sa générosité, sa joie de vivre et son sens de l’esthétique. L’important, pour lui, est de jouir du temps qui passe. Le respect des traditions et la fierté de les perpétuer sont également le signe de l’esprit conservateur qui fait le charme de ce pays, alors que partout ailleurs le monde se transforme, sans mémoire du passé. 

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Lors des Fallas la ville entière nous démontre ce caractère à la fois joyeux et créatif, respectueux et traditionnel, chaleureux et convivial, qui invite à jouir du moment tout en célébrant sa fragilité. Valence devient un écrin pour ce bijou qu’est le caractère espagnol. Le Valencien l’assume avec fierté et reconnaissance, car il sait que cet instant de joie se répètera l’an prochain. 

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Pourquoi le retenir?
 

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