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VIVA VALENCIA !

Ce qui frappe le visiteur qui atterrit à Valence, c’est ce ciel bleu sans nuage, intense, profond, lumineux. Ce n’est pas le même bleu que celui du ciel d’Italie, qui tire sur l’acier et dont l’éclat invite à s’en prémunir. C’est un azur éclatant mais avec une certaine douceur, il a un petit côté racoleur porteur de promesses de longues pauses en terrasse. Ici, le soleil est plus clément et ne s’impose pas avec force, comme celui de Provence, au point de vouloir le fuir sous les platanes. Au contraire, on recherche sa chaleur du bon côté du trottoir. Alors, tout en sirotant un café, on lève le regard vers ce ciel bleu et on sourit. Nous voilà à Valence.

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Et pourtant, l’observateur attentif aurait pu déceler quelques nuages sombres s’amasser à l’horizon Ouest. S’il avait écouté les nouvelles, il aurait appris qu’un orage pourrait bientôt éclater. Mais ce n’est pas son souci pour l’heure. Ces nuages semblent trop loin, presqu’improbables. En tout cas, il ne veut pas croire à ces menaçantes ondées.

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Arrivés à Valence le 12 janvier, nous avons abordé sa visite de façon un peu aléatoire. Il nous fallait nous installer dans notre appartement, nous approvisionner, nous brancher. Nous avons donc parcouru le voisinage immédiat à la recherche de quelques bonnes adresses nécessaires à notre vie quotidienne. Rapidement, deux constations se sont imposées : d’abord, que nous sommes situés dans une petite rue peu passante mais proche du centre commercial. Ensuite, que la vieille ville et les quartiers limitrophes sont suffisamment bien ramassés pour en faire le tour en relativement peu de temps.

Plaza del Ayuntamiento, le cœur de Valence

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Nous sommes situés dans le quartier d’Ensanche qui jouxte par le sud-est la Ciutat Vella, le secteur médiéval. Notre rue et celles environnantes, regroupent les boutiques de couturiers, de designers, de décorateurs ainsi que des restaurants et des cafés chics. La rue commerciale, l’avenue Colon, est à cinquante mètres et là se trouvent les griffes internationales. El Corte Inglès, la grande chaîne généraliste espagnole, se décline ici en trois adresses et autant de niveaux qualité/prix. Se promener sur Colon, c’est un peu comme visiter un vague cousin d’une branche cadette de la 5ième Avenue à NY ou des Champs-Élysées. Notre rue Ste-Catherine à Montréal ferait figure de cousin de la branche ruinée de la famille…avec ses magasins placardés et ses maigres trottoirs encombrés de poubelles en pleine journée.

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Dans ce quartier d’Ensanche que nous parcourons en long et en large, nous découvrons une architecture exceptionnelle. Des édifices Art-Nouveau et Art-Déco, côtoient des immeubles de styles typiques de diverses périodes du XIX siècle à nos jours, toujours accentués par des détails originaux qui sont un plaisir à observer. À Valence, il faut marcher le nez en l’air ! Non par snobisme mais pour ne pas manquer tel détail du fer forgé des portes, telle guirlande de céramique qui forme une frise couronnant les balcons, telle coupole qui surplombe une terrasse ou encore tel oriel gothique qui orne une façade. Tout est propre et bien entretenu pour mettre en valeur de petits trésors qui rendent la balade agréable.

La Casa Ferrer, exemple Art Deco

Casa de Los dragones, exemple de style néogothique

Si vous voulez faire une pause, ne cherchez pas trop loin : le Marché Colon, au bout de la rue Ciril Amoros offre un ensemble de bars, cafés et restaurants ainsi que des épiceries fines en sous-sol. Cette ancienne halle construite en 1913 comporte une structure métallique immense et deux superbes portiques richement décorés en briques, céramiques et mosaïques figurants des motifs agricoles.

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Au fil de votre promenade, si vous levez les yeux au ciel, vous remarquerez que celui-ci s’assombrit. Les nuages menaçants de l’ouest semblent se rapprocher et vous vous perdez en conjectures : va-t-il vraiment pleuvoir ? Mais, ignorant les signes annonciateurs pourtant évidents, vous poursuivez votre marche.

C’est dans la Ciutat Vella que l’on retrouve les monuments anciens qui méritent le détour. Il faut débuter la marche à partir de Plaza de la Virgen sur laquelle donne l’une des portes de la Cathédrale qui date des XIV et XV siècles : Basilica Nuestra Señora de los Desamparados (Notre-Dame des Désemparés !). Cette cathédrale a été érigée à l’emplacement de la mosquée construite par les Arabes qui occupèrent une grande partie de la péninsule durant plus de six-cents ans. Sur la Plaza se trouve une belle fontaine représentant un homme allongé, symbole du fleuve qui arrose Valence. Donnant sur cette place se trouve également le Palau de la Generalitat Valenciana et qui fut du quinzième au dix-septième siècles le siège du parlement et de la Cour de Valence.

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​La vielle ville est un labyrinthe de ruelles où il fait bon de se perdre et de se retrouver. On pénètre dans un passage étroit et on se trouve au milieu d’une belle place toute ronde, aux proportions magnifiques, la Plaza Redonda, avec une fontaine en son centre et cerclée d’échoppes d’artisans de dentelles et de céramiques. Au détour d’une ruelle, vous vous retrouvez face au Mercado Central, les Halles de Valence, les plus grandes d’Europe ! Une profusion d’étals de fromages, de viandes, de légumes et de fruits, de charcuteries régionales, d’olives farcies, de poissons marinés et de spécialités du terroir à faire saliver.

Le Marché Colon

La vielle ville est un labyrinthe de ruelles où il fait bon de se perdre et de se retrouver. On pénètre dans un passage étroit et on se trouve au milieu d’une belle place toute ronde, aux proportions magnifiques, la Plaza Redonda, avec une fontaine en son centre et cerclée d’échoppes d’artisans de dentelles et de céramiques. Au détour d’une ruelle, vous vous retrouvez face au Mercado Central, les Halles de Valence, les plus grandes d’Europe ! Une profusion d’étals de fromages, de viandes, de légumes et de fruits, de charcuteries régionales, d’olives farcies, de poissons marinés et de spécialités du terroir à faire saliver.

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Vous sortez du marché et vous êtes surpris qu’il fasse si sombre. Pourtant il n’est que deux heures, l’heure à laquelle on se prépare à déjeuner. C’est que les nuages sont maintenant au-dessus de votre tête et même si vous entendez le grondement lointain du tonnerre, vous gardez espoir. Toute réelle qu’elle est, cette menace de l’ouest ne peut pas se déclencher. Car, après tout, plusieurs spécialistes de la chose l’avaient rejetée du revers de la main. Et vous les avez crus. Vous poursuivez donc votre chemin allègrement.

Plaza de la Virgen

Vous voilà devant la Lonja de la Seda, la bourse de la soie. Il faut savoir que la soie fut longtemps la source de la grande richesse de Valence. Au XV siècle, les marchands construisirent ce bel édifice pour y faire des transactions commerciales, s’inspirant des villes italiennes comme Venise, Gènes ou Florence. La Salle du négoce est une grande salle aux proportions raffinées et dont le plafond en voûtes ogivales est supporté par de fines colonnes torsadées. Au premier étage, se trouve une grande salle au plafond en caisson ouvragé qui ressemble à la charpente d’un navire.

Lonja de la Seda

Face à la Lonja, se trouve l’église des jésuites où se donne un concert le dimanche à midi. Nous y avons entendu une belle chorale qui a repris des airs de Noël, un peu tardivement en cette fin janvier. Mais l’adaptation moderne et un brin jazzante a été très appréciée.

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Résolu et même téméraire, vous poursuivez votre promenade dans ce vieux quartier, convaincu que le ciel ne vous tombera pas sur la tête. Et pourtant, si vous saviez interpréter le moindrement les signes de la météo, vous seriez un peu plus prudent. Le ciel est noir et les nuées semblent frôler les toits des immeubles avoisinants. Plusieurs avaient bien annoncé une pluie diluvienne mais vous préférez les ignorer et poursuivre votre découverte de Valence.

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​Vous prenez une ruelle sans trop savoir où elle mène. Et tout à coup, vous êtes face à une porte absolument improbable par sa taille et la masse sculpturale baroque qu’elle représente. C’est le Palacio del Marquès de Dos Aguas qui abrite un palais reconstitué du XVIII ainsi qu’un superbe Musée de la céramique. Cette porte en albâtre est un chef-d’œuvre « délirant » d’un style baroque flamboyant et comportant des motifs végétaux et humains surréalistes, avec une sculpture en relief de la Vierge. Rien que pour cette décoration extérieure de la porte monumentale et des fenêtres, cet édifice vaut le détour.

En mettant le nez dehors, vous réalisez que vous avez peut-être tenté le diable : quelques gouttes lourdes et grasses vous tombent sur la tête. Vous levez les yeux vers le ciel, grognant et maugréant, invoquant les saints du paradis de vous protéger contre les intempéries à venir. Mais il est trop tard. En quelques secondes, des trombes d’eau se déversent sur la ville et plus important, sur vos épaules sans protection.

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Vous n’avez pas voulu lire les signes pourtant bien écrits dans le ciel ? Ces nuages sombres à l’ouest ne vous disaient donc rien ? Tant pis pour vous. Vous vous êtes fourvoyés comme d’ailleurs une grande partie des habitants de Valence et du monde. Car, après tout, nous sommes bien le 20 janvier et Trump vient d’être assermenté président des États-Unis, apportant sans doute avec lui un déluge de soucis qui risquent de noyer l’humanité.


 

(À suivre)

Musée de la céramique

Visites

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